- Traversée des Açores à l'Angleterre -

1246 milles en 10 jours et 5 heures

Du samedi 9 juillet au mercredi 19 juillet 2023

Nous dérogeons à la règle du récit jour par jour pour cette dernière grande traversée du voyage. Cela traduit certainement une certaine lassitude de ces longues navigations, plus trop l’envie ni le courage de s’astreindre à écrire quotidiennement. C’est donc à posteriori que ces lignes sont écrites pour relater cette navigation de 1246 milles nautiques entre les Açores et l’Angleterre. 

Retrouvez en bas de cette page la cartographie de notre route précise générée à partir de relevés GPS journaliers.

C’est le samedi 29 juillet 2023 que nous larguons les amarres du port d’Angra do Heroismo sur l’île de Terceira, la 4ème île de l’archipel des Açores que nous aurons visitée. C’est peu enthousiastes que nous hissons les voiles d’une part car cela sent la fin du voyage mais aussi parce que nous savons que cette traversée peut être compliquée même si la météo nous annonce un vent modéré pour une navigation au portant de bout en bout. 

Les deux premiers jours se passent comme prévu, dans un vent léger portant. On envoie parfois le spi, on fait un peu de moteur quand le vent tombe. On profite de belles nuits étoilées et du soleil la journée. C’est durant le troisième jour que les prévisions météo nous annoncent désormais que deux dépressions pourraient bien s’inviter sur notre parcours. Nous revoyons alors notre routage et décidons de faire de l’Est en s’approchant un peu plus que prévu des côtes espagnoles pour espérer éviter le plus fort de la première dépression. 

C’est dans la soirée du 4ème jour que le vent bascule plein Sud et commence à monter. On commence alors à réduire les voiles, un ris dans la grand voile, puis trinquette, puis un deuxième et un troisième ris dans la GV. En milieu de journée du 5ème jour, on affale la GV pour ne garder que la trinquette dans 25 à 30 nœuds de vent et une mer bien agitée.

Selon les prévisions météo, nous allons encore avoir 24h difficiles pour sortir de cette dépression, alors nous faisons le dos rond mais ce qui nous inquiète davantage est cette seconde dépression qui sévit dans le Golfe de Gascogne, bien plus forte que prévue. On envisage de se dérouter vers Camarinas ou la Corogne sur la côte espagnole, histoire de laisser passer cette dépression. Cette idée ne nous enchante pas car cela rallonge pas mal la route, sans compter que l’on va perdre du temps et surtout nous avons hâte d’en finir avec les longues traversées. On décide alors dans la soirée du 5ème jour de continuer mais en ralentissant au maximum le bateau afin de laisser s’ écarter le plus fort de la dépression. On affale alors la trinquette pour ne renvoyer qu’un tout petit bout de génois. Malgré cela, la houle et le vent nous malmènent et on part dans des surfs dans la nuit noire atteignant 9 nœuds de vitesse. Le moral n’est alors pas au beau fixe mais on tient bon. Le vent tourne au Nord-Ouest, toujours 25 à 30 nœuds au lever du 6ème jour. 

On est alors obligé de faire du moteur pour recharger nos batteries descendues bien bas. Le reste de la journée et la nuit se passerons sous génois seul avec seulement quelques mètres carrés de toile. Le vent a légèrement baissé mais il ne faut pas renvoyer trop vite les voiles au risque de prendre trop de vitesse et se prendre la seconde dépression. On se réconforte en réchauffant un bocal maison gardé précieusement depuis Boulogne. Encore merci maman pour ces petits plats que l’on a sortis  pour un peu de réconfort quand on en avait besoin durant cette année de voyage où la cuisine française nous a bien manqué.

C’est le matin du 7ème jour, après avoir pris la météo qui nous indique que la dépression s’ écarte de notre route que nous décidons de changer de cap pour une route plus directe et que l’on renvoie un peu de toile. On retrouve alors une allure de bon plein. Nous sommes tout de même sous GV 3 ris et trinquette jusqu’au matin du 8ème jour durant lequel nous relâcherons tous les ris à mesure que le vent faiblit. On est même obligé de rallumer le moteur dans la nuit faute de vent. C’est fou ce que les conditions peuvent changer en si peu de temps. C’est toujours au moteur, dans l’après-midi que nous apercevons un cétacé. On l’observe aux jumelles et on essaie de l’identifier dans un bouquin, c’est probablement un rorqual. C’est toujours un grand moment de joie de rencontrer ces animaux. 

Nous sommes en vent arrière dans un vent de Sud-Ouest d’une quinzaine de nœuds le matin du 10ème jour. Il nous reste un peu moins de 200 milles à parcourir et l’on s’occupe en jouant aux cartes, en écoutant de la musique ou des podcasts. Le temps nous semble long mais nous commençons à voir quelques bateaux, pêche, tanker, cargo. Ça sent l’arrivée et l’on commence à spéculer sur l’heure à laquelle nous mettrons l’ancre. 

Le vent tourne à l’Ouest et c’est la dernière nuit qui commence. On a réduit les voiles pour naviguer confortablement au travers. Un tanker passe près de nous, puis le jour se lève enfin. On renvoie de la toile et on aperçoit enfin la terre. Il est 13h30. Les Scilly et son phare de Bishop Rock se dessinent devant nous. C’est dans la joie et la bonne humeur que nous renvoyons toute la toile dans un vent modéré de Nord-Ouest. Nous découvrons la beauté sauvage de cet archipel. Ca y est ! On longe Sainte Agnès par l’Est avant d’avancer vers Sainte Mary’s et d’affaler les voiles devant la baie de Port Cressa. 

Il est 16h25, ce mercredi 19 juillet quand nous mettons l’ancre avec 35 mètres de chaîne dans cette bien jolie baie, heureuses d’en finir avec cette dernière longue navigation du voyage. On peut dire que la météo ne nous aura une fois de plus pas épargnées et nous sommes soulagées et fières d’être arrivées là sans encombre. Il nous reste quelques navigations dans la Manche et l’on sait qu’il va falloir rester vigilantes mais l’heure est à la joie de l’arrivée et l’on fête cela avec un bon repas à la française grâce au foie gras que nous avons encore en stock. C’est aussi l’heure de la baignade pour la plus courageuse mais l’eau est glaciale et ce sera de courte durée. 

Nous aurons parcouru 1246 milles nautiques depuis Terceira en 10 jours 4h et 55 mn (dont 40 heures de moteur) dans des vents de 5 à 30 nœuds (hors rafales) et une mer parfois bien formée. 

Cartographie de nos grandes traversées

Zoomez dans la carte pour consulter notre route réelle entre les Açores et les Scilly issue des relevés GPS journaliers

Vous pouvez afficher la carte en pleine fenêtre et cliquer sur les points pour accéder aux détails de chaque position.


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